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Votre opinion dans un essai – méthode en 12 points

Vous exprimez votre opinion entre deux rencontres de bureau, autour d’une bière avec des amis, ou en quelques phrases bancales sur les réseaux sociaux. Mal comprise ou incomplète, vous ruminez. Vous désirez faire une différence, souligner une vérité, éveiller votre entourage à une réalité, pourquoi ne pas écrire un essai ? Ce n’est pas si difficile.


Personne assise à part d'un groupe qui écrit sur son cellulaire

Vous avez une opinion et, comme beaucoup, vous l’exprimez entre deux rencontres de bureau, autour d’une bière avec des amis, ou en quelques phrases bancales sur les réseaux sociaux. Peut-être la gardez-vous pour vous-mêmes. Dans tous les cas, elle reste incomplète, et vous ruminez. Pourquoi ne pas écrire un essai ? Toute personne désireuse de faire une différence, de souligner une vérité, d’éveiller son entourage à une réalité mal comprise devrait y songer.


Au Québec, ce genre possède un important lectorat et propose de nombreuses réflexions sur la société, la politique, la langue, la culture, l'histoire pour ne mentionner que quelques thèmes listés chez des éditeurs divers comme de petites maisons dédiées à une mission particulière, de grandes entreprises qui maintiennent un catalogue éclectique, des universités. Annik-Corona Ouellette a publié en 2010 300 ans d’essais au Québec.


Le projet de vous lancer dans un essai vous intimide ? Pourtant, ce n’est pas si difficile, vu que la matière du livre, c’est vous, comme le disait avec tant de justesse Montaigne. Écrit en général au « je », cette forme convient à tous. De plus, une variété de formes y sont admises : subjective ou objective, analytique et exhaustive ou exploratoire, autobiographique ou philosophique, rigoureuse comme la science ou empirique, et même anecdotique. Dans un essai à caractère persuasif, certains conseillent la troisième personne en utilisant des formules déclaratives. À vous de voir.


Procédé d’écriture


Puisque qu’on s’adresse directement au lecteur, les pronoms tu, on, nous et vous sont les bienvenus.


Les outils : selon qu’on veut raconter, peser le pour et le contre, ou encore asséner sa vérité, le soliloque, la description, le portrait, la narration, l'anecdote éloquente, les exemples, l'analogie, la maxime, les digressions, les études probantes constituent tous, parmi tant d'autres, des moyens à votre portée.


Le temps de verbe : le présent de l’indicatif dégage une aura de bon sens et de sagesse. Il ancre les pensées émises dans l’actuel.


Les liens de logique : les marqueurs de relation (tout d’abord, toutefois, ensuite, par ailleurs, etc.), les phrases de transition ou de clôture.


Sept approches qui produisent leur effet :

1) expressif et informel en prose lyrique

2) informatif, pragmatique et objectif comme dans un quasi documentaire

3) démonstratif, avec preuves et sources vérifiées

4) narratif (souvenir, récit)

5) critique comme le pamphlet, satirique

6) réflexif donc intuitif

7) intellectuel avec thèse, hypothèse et antithèse.


L’essai se présente souvent comme une dissertation avec son introduction, son sujet annoncé, le développement et la conclusion. Sujet amené, sujet posé, sujet divisé, ça vous rappelle quelque chose ? Quel ennui c’était ! Reproduire ce qui vous a été enseigné à l’école pour assurer une forme convenable à vos travaux scolaires ne saurait être qualifié d'erreur, mais ça souffre cruellement d’originalité, bien que préférable aux phrases boiteuses parues dans des publications éphémères.


Dans l’essai, on peut se montrer créatif, se servir de son côté givré pour faire valoir son point de vue et en exposer toutes les facettes. Personne ne vous oblige à la neutralité. Cependant, l’organisation des idées prime. On n’y échappe pas, l’introduction comprendra une information de base, l’idée principale, ainsi qu’une sorte de feuille de route qui signalera les points abordés. Au cœur de l’essai, les exemples, les statistiques, les études, les citations, les sources comme les livres, les revues, les sites web, votre propre expérience soutiendront le sujet traité. En terminant, vous reviendrez brièvement sur les réponses obtenues grâce à cet exercice.


Un essai efficace se reconnaît à la capacité de convaincre par l’authenticité et la sincérité qui se manifestent par l’écriture, l’usage de faits et de chiffres confirmés, l’exhaustivité des arguments et des contre-arguments. L’abondance de détails menace de perdre le lectorat. Coupez le superflu. Un message clair tient dans la concision et l'agencement de phrases brèves et percutantes. « Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement, Et les mots pour le dire arrivent aisément1. »


Pense-bête en 12 points


1-     Le sujet

5-    La structure

9-  Le type de discours

2-     L’envergure du projet

6-    La forme

10-  Le ton

3-     Le public

7-    Le point de vue

11-  Le style et les procédés

4-     La liste des idées, des faits, des données

8-    La subjectivité désirée (sujet, attitude, langage)

12-  La longueur

  1. Le sujet : situez le lecteur en ce qui a trait aux temps, lieu et situation évoquée.


  2. L’envergure du projet : à tout prix, le circonscrire. Trop vaste, vous n’en viendrez jamais à bout. Cernez plutôt un aspect précis, un angle qui vous plaît.


  3. Le public : à définir en partant. Parents, célibataires, urbains ou agriculteurs, adolescents, adultes, aînés, juristes, politiciens ?


  4. La liste des idées, des faits, des données : Procédez par écriture automatique, un mot en association avec un autre. Identifiez les points forts et les points faibles, les sources de documentation sérieuses et récentes à l’appui afin d’anticiper ce qui peut être réfuté. Sélectionnez dans la liste les mots qui ciblent l’orientation que vous donnerez au texte, les solutions que vous mettrez de l’avant.


  5. La structure : le développement en crescendo est populaire, grâce à l’intensité qu’elle procure. Établissez un plan en ordonnant les thèmes majeurs et les idées secondaires. Divisez-les en paragraphes et imaginez des sous-titres, liez par les marqueurs de relations. Y glisser les regroupements d’idées et les arguments en priorisant les plus significatifs afin de remporter dès le début l’adhésion des lecteurs et lectrices et asseoir votre crédibilité. Comme dans une partie de cartes, conservez votre atout souverain pour la finale. Mots clés : logique et cohérence.


  6. La forme : argumentative, thématique, analytique, philosophique pour ne nommer que ces exemples. Favorisez les phrases courtes.


  7. Le point de vue : le vôtre, c’est fondamental, et celui d’autres acteurs du milieu à placer en perspective.


  8. La subjectivité : Annoncez vos couleurs. Décrivez le contexte et les limites de l’essai.


  9. Le type de discours : narratif, descriptif, explicatif, analytique, argumentatif, délibératif, démonstratif, injonctif, persuasif, par comparaisons et contrastes judiciaire, politique, etc.


  10. Le ton : déterminez quelle est la manière la plus compatible avec le message, ce qui contribuera à révéler la perspective dans laquelle l’essai est écrit. Humour, Ironie, diatribe, partisanerie, ambition éducative, etc. Quelle émotion désirez-vous provoquer chez votre lecteur ?


  11. Le style : engageant, simple et clair. Les phrases complexes et le jargon professionnel ne garantissent certainement pas un public bien large.


  12. La longueur : génial, vous maîtrisez le genre, mais vous vous interrogez sur la longueur de l'œuvre en gestation. Tout dépend du nombre des idées exprimées, des arguments et des preuves avancés.


Démocratisation de l'essai


À tort, on pense que l’essai est réservé à une élite intellectuelle, conséquence de siècles d'analphabétisme. Longtemps, seules les classes aisées de la société ont su lire et écrire. En 1534, au Québec, on trouvait des essais de nature philosophique ou religieuse, des observations sur les mœurs des Autochtones, des synthèses sur l’histoire de la Nouvelle-France. Toutefois, l’école est devenue obligatoire alors que je n’avais que cinq ans. Les enfants de ma génération et les suivantes ont bénéficié de cette mesure essentielle à l’enrichissement d’un peuple. Bien avant l’année de ma naissance, Le refus global avait été publié, et il a été mon premier contact avec ce genre littéraire. Depuis, des auteurs comme Serge Bouchard, Boucar Diouf, ou un petit livre comme Ordures ! de Simon Paré-Poupart se sont hissés au sommet des ventes.


Au passage, je salue Stéphanie Roussel qui, dans son essai Notifications et Crucifixions (https://www.lesfauteursdemots.com/croque-mots/stephanie-roussel-librairie), partage avec nous une exaspération sentie envers plusieurs volets de notre vie moderne.


Entre l’opuscule et la brique, tout est possible. À vous le micro.


1. Nicolas Boileau. L’Art poétique. 1674



SOURCES


The Artist Academy : Comment écrire un essai ? Suivez les règles de rédaction pour écrire un essai. https://www.the-artist-academy.fr/blog/comment-ecrire-un-essai-suivez-les-regles-de-redaction-pour-ecrire-un-essai. Publié le : 21/01/2022


TREMBLAY, Yolande. L’essai. Unicité du genre. Pluralité des textes. Les éditions Le Griffon d’argile. Québec, 1994, 195 pages.


MERCIER, Isabelle. Tutoriel. Comment rédiger un essai ? Université du Québec en Outaouais, Juillet 2024. 9 pages


Encyclopédie canadienne. Un guide pour écrire des essais. http://education.historicacanada.ca/files/692/volume-2-pour-commencer.pdf

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