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Image de Lauren Mancke

Croque-mots

Le fauteur est une personne qui protège, mais aussi qui provoque. En travaillant de leur mieux, les auteurs et autrices mettent en valeur leur langue, s’efforcent de contribuer à son épanouissement. N’étant pas éditeurs/éditrices, ils commettent cependant des fautes, influencés par les glissements du langage qui s’insinuent dans leur esprit par la fréquentation des médias et de leurs communautés. En diffusant un texte sur le site, ils se font fauteurs de troubles, car ils lancent leur pavé dans la marre en contournant les chemins habituels et en exposant sans filet au grand public leurs œuvres. Ce n’est pas faute d’avoir essayé, toutefois, d’emprunter la belle voie du livre imprimé ! Qu’à cela ne tienne, ils demeurent toujours fauteurs de mots. Cliquez sur la photo ou sur les noms placés dessous pour avoir accès à la page de chacun. Bonne lecture!

Écrire pour soi, pour soulager l’émotion extrémiste qui assaille, qui renverse, qui tue parfois.

  • Écrire pour la joie parfaite qui, pourtant, n’est jamais qu’un nœud composé de liens mal assortis.

  • Écrire pour partager, pour être lus par l’absent, celui dont on ne souhaite pas la présence, ou pour celui qui ignore tout des nomades que nous sommes, perdus dans les limbes de la parole non dite, non publiée, non diffusée.

  • Avoir, voir dans sa tête des mots qui tournent en boucle, les coucher sur du papier pour entendre leur musique ou accoucher de leurs vociférations. Les jeter contre des écrans d’ordinateur pour qu’ils explosent au monde Et essaiment.

  • Écrire comme un kamikaze avec des bombes inoffensives ou terribles.

  • Récits, nouvelles, poésie, contes lancés pêle-mêle sous les radars de la grammaire et du dictionnaire.

  • Bousculer l’alphabet pour en tirer de nouveaux sons, de nouveaux sens, sans se soucier d’être compris.

  • S’exposer aux critiques malveillantes, aux psychopathes de la langue qui vomissent leur vocabulaire, leurs connaissances, leurs préjugés et leurs mésestimances comme un torrent de lave sur des terres instables.

  • Nous sommes fauteurs et fautrices de mots, inconvenants provocateurs de rencontres, responsables de la faute d’écrire pour être lus, pris en flagrant délit de fauter avec l’inédit, de soupirer après l’improbable lectrice, l’inattendu lecteur, l’amoureuse et le bien-aimé.

  • Authentiques éclopés du non-dit, chassés de la Cour des Miracles à coups de commentaires impersonnelspour bien nous faire comprendre qu’il nous manque ce qu’il faut pour se démarquer dans la horde des succès commerciaux, nous quémandons l’attention dans l’espace internaute entre les mailles d’un réseau invraisemblable.

  • Déterminés, nous gravirons les chemins de montagne, escaladant les albums de cuisine, de voyage et de photographies, bondissant sur les livres de méditation, d’ésotérisme et de théologie, enjambant les traités de croissance personnelle, de psychologie et de philosophie, forçant le pas entre les essais politiques, sociologiques et historiques, filant devant les ouvrages d’astronomie, d’environnement et de sciences, se ruant par-dessus les biographies de gens célèbres ou qui croient l’être, écartant à mains nues encyclopédies, catalogues de sports et d’automobiles, dans le but avoué de s’affranchir enfin des paradis artificiels, de toucher l’univers et de vivre nos vies infirmes et magnifiques.

  • Sinon, que restera-t-il des poètes, des romanciers, des conteurs, tous épris d’étoiles, tous fauteurs de mots ?

  • Écrire, pour imposer la lampe dans les ténèbres du silence.

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