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De l’importance de prendre du repos

Certaines étapes de notre existence mettent sens dessus dessous notre routine. Un échec, une maladie, un départ, un deuil pour ne nommer que celles-là. Parfois, on se bat contre l’arrêt forcé de nos occupations, tentant de tout gérer comme si la vie pouvait se poursuivre sans en tenir compte, non pas en ignorant ce qui se passe, mais en lui attribuant une sorte d’équivalence par rapport aux autres activités. Ou bien, nous refermons l’agenda et nous nous consacrons à cent pourcent à ce qui nous arrive. Les uns se vautrent dans l’action pour s’étourdir, les autres tombent en état de catalepsie. Pour beaucoup, peut-être est-ce quelque chose entre les deux.


Difficile de prévoir la meilleure attitude. Tous ne possèdent pas les mêmes ressorts ni un entourage bienveillant qui supporte nos humeurs. Hier, j’ai lu une phrase passe-partout qui me sied. Elle disait qu’il ne faut pas sous-estimer quelqu’un qui recule, il se donne probablement un élan. Ça me ressemble. Je l’ai souvent vu aussi autour de moi. Je compare ce repli à une interruption passagère du courant électrique qui circule dans notre corps et alimente notre tête. Ce retrait nécessaire survient à diverses occasions.


En formation, nous sommes exposés à un tas de nouvelles choses. Nous les enregistrons de notre mieux, mais lorsque nous participons à une séance soutenue d’enseignement, il vient un moment où tout se mélange et où l’on ne sait plus rien. Notre disposition à apprendre est frappée de paralysie.


En création, lorsque nous réservons plusieurs journées ou même plusieurs mois à imaginer des trucs, il est possible et plus que probable que le cerveau se cabre et décide de faire la grève sans crier gare.


Quand nous recevons une critique plutôt dure sur un travail qui a requis des efforts considérables, quoi de plus naturel que de refermer l’ordinateur en attendant d’avoir tout bien digéré.


Dans le cours de nos engagements, nos cortex préfrontal, insulaire et singulaire ainsi que notre amygdale consomment une énergie folle. Un week-end, quelques jours de congé ou de plus longues vacances sont un excellent moyen de leur permettre de souffler un peu. Les employeurs ne sont pas toujours indulgents, ne savent pas toujours répondre à ce besoin fondamental. Par ailleurs, lorsque nous sommes à notre compte, ce qui est le cas de la plupart des artistes, les impératifs contractuels et financiers nous mènent par le bout du nez. On s’étonne ensuite que l’épuisement professionnel soit si répandu.


Un pas de recul, une heure de pause, du sommeil de qualité, des vacances, toutes ses ressources et leur combinaison servent un objectif commun : fournir une pause, du repos, un espace de liberté à nos neurones. J’ai utilisé l’image d’une coupure de courant électrique, mais le cerveau ne se désactive pas pour autant. À preuve, l’imagerie cérébrale a établi que plusieurs régions cervicales s’animaient. Rien de mieux que dormir ou flâner pour se refaire une santé mentale et opérationnelle. L’introspection, le retour sur les souvenirs, la pensée sans les contraintes d’une structure et sans direction encourage « un bien-être accru, un quotient intellectuel plus élevé, une ouverture à la nouveauté[1] ».


Je traverse une période charnière. Le plus jeune de mes fils et le dernier à quitter la maison est parti loin de moi. Je me dépose dans un recoin de mon cœur pour accueillir ma peine et par la suite récupérer peu à peu. Les deux semaines précédentes ne m’ont offert aucun répit : documents à remplir pour son embauche, formation à terminer, recherche avec lui d’un appart en pleine crise du logement dans une ville qui n’a plus rien à proposer, préparatifs en vue de son départ. Entre deux coups de téléphone et quelques courriels, deux autrices me relançaient pour la publication de leurs superbes textes et je retravaillais mon roman en appliquant les conseils de mon mentor. L’alternance entre ces tâches a eu du bon, elle me distrayait de mes émotions. Cependant, la révision de mes propres textes me confronte à mes imperfections. Personne ne m’avait fait remarquer encore que j’abusais d’homophones et de points d’exclamation, que ce tic d’écriture alourdissait mon style. Maintenant que j’en suis consciente, je ne me relis plus de la même manière. Le moral en prend pour son rhume, déjà que la tristesse de retrouver un nid vide joue dans mon état d’esprit et dans mon état d’âme.


Un bon temps pour un pas de recul.

[1] CHAN, Marie-Lambert, Le cerveau aussi a besoin de vacances. Québec Sciences, 14 mai 2016, https://www.quebecscience.qc.ca/sciences/le-cerveau-aussi-a-besoin-de-vacances/ consulté le 1er juillet 2023

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