Pour chaque billet que je publie, je consacre une certaine somme d’énergie à fixer le meilleur titre qui soit pour attirer le plus de clics possible.
Personne n’y échappe. Cet effort est requis pour chaque texte qu’on termine, une difficulté en soi. À la fin des ateliers d’écriture, lorsque les participant·e·s me font parvenir leurs réalisations pour que je les place sur la page du site, un grand nombre sont remises dépourvues des quelques mots qui pourraient couronner leur production. Après relecture, je choisis un titre avec le souci de plaire, d'établir une adéquation avec le sujet et les qualités intrinsèques de chaque auteur ou autrice. Pas facile.
Je vois ce travail comme celui des idéateurs de slogans. J'admets sans détour que je ne possède aucun diplôme en marketing, de là mon insécurité. Faute d’études en communications, je me juge mal outillée. Comment se débrouiller pour hameçonner les lecteurs du seul fait d’un titre ? Comme le ver ou la mouche au bout de la ligne, il me semble que l’exercice commande de rendre l’appât appétissant quand on désire taquiner le poisson.
En m’informant sur les règles classiques à suivre, j’apprends que les blogues doivent porter des titres précis pour ne pas décevoir ceux et celles qui souhaitent se renseigner sur une matière bien définie. Or, je compte souvent sur l’ambiguïté pour séduire l’inconnu·e derrière son écran d'ordinateur, créer un trafic sur mon site et sortir du lot. Malhonnêteté intellectuelle ? Pour mon absolution, j’aime d'ordinaire mettre en relief le parallèle entre le métier d’écrire et les multiples facettes de la vie professionnelle ou personnelle. Alors, j’arrête ou je continue ?
Tout le monde vous dira que le titre doit être accrocheur et inspirant, oui mais comment s’y prend-on ?
Conseil 1 : Le brassage d’idées
Une amie artiste a envoyé à plusieurs personnes des photographies de ses tableaux accompagnées de synopsis et leur a demandé d’accoler trois titres que leur inspiraient ses peintures. Ce remue-méninges a été effectué en vue d’une exposition. Ceci constitue une première méthode fructueuse d’attribution d’un intitulé, d’autant plus intéressante qu’elle provoque toutes sortes d'agencements inventifs.
Conseil 2 : La partie de pêche
Une deuxième manière de trouver la bonne formule consiste à les repérer dans les premières phrases ou paragraphes du texte au sein desquels se sont glissés une tournure originale, un mot symbolique ou une image réussie.
« Chacun sa vérité. » - Jean-Paul Sarte
Conseil 3 : L’association nom-adjectif
D’autres astuces amènent des résultats, comme de se servir du thème, d’un personnage ou d’un lieu et d’y adjoindre un adjectif ou un complément percutant. Exemples : La révolution silencieuse, Laura et son double, La ville oubliée. Beaucoup affirment que c’est le moment de jeter son dévolu sur les mots emphatiques : indispensable, extrême, piège, tordu, etc.
Conseil 4 : L’indication du genre et sa personnalisation
Le lecteur doit pouvoir deviner le genre de texte qui s’offre à lui et ce qu’il y découvrira. Il faut donc avoir cerné son public cible pour se coller à ses habitudes ou le surprendre sans le désorienter. Le titre doit refléter le ou un des thèmes principaux de l'écrit. Il s’agit ensuite de le lier à une émotion ou à une ambiance pour engendrer un sentiment de mystère ou de scandale, une invitation au romantisme ou à la révolte, une aura de révélation ou de provocation, etc. Un effet dramatique ou amusant donnera le ton et un aperçu du style.
Conseil 5 : Les références culturelles
On peut se rabattre sur des proverbes dont on coupe un segment (exemple : Qui vient de loin…), des passages de bouquins religieux, des expressions populaires un peu modifiées (exemple : Cogner des pieux).
Conseil 6 : Les figures de style et de rhétoriques
On recommande de jouer sur les mots ou les sons, d'user de paronymes (les presque homonymes), de calembours, de dresser des listes de mots-clés inspirés du texte, de chercher des synonymes et de les combiner, ou encore d'opposer deux termes (l’oxymore), exemple Guerre et paix. La synecdoque (la partie pour le tout) permet d’embellir ou d’atténuer pour dégager un sens suggestif. Exemple : Les voix de mon quartier.
Conseil 7 : La promesse de contenu par le titre
Le titre représente l’identité du texte ainsi qu’un engagement qui doit être tenu. Trompeur, il trahira la confiance du lecteur. Qu’est-ce qu’un titre, sinon un appel à l'exploration. Il transmet l’envie d’en savoir davantage, il titille la curiosité.
Conseil 8 : La part de non-dit
Descriptif, explicatif, narratif, poétique, mais jamais révélateur de la fin. Ne pas divulgâcher, mais souligner un élément marquant de l’histoire tout en réservant une part de non-dit.
Conseil 9 : Sa forme définitive
Si le titre a été décidé dès le départ, il est probable que l’idée d’origine évolue au cours de l’écriture, sans oublier que les experts de l’édition imposeront leur propre point de vue. Quand on ne réfléchit au titre qu’à la conclusion du processus d’écriture, l’ensemble de l’œuvre avec tous ses composants complexifie la délibération.
Conseil 10 : Les sources éditoriales, dictionnaires et catalogues de bibliothèque
Une fois le titre décidé, une recherche sur Internet et dans les catalogues de bibliothèque révélera les tendances du moment ou garantira son originalité et son unicité.
Chaque billet que je publie, s’il n’a pas l’audience dont je rêve, m’apporte quand même un nouveau savoir-faire. « Contre mauvaise fortune bon cœur » est une devise qui me va bien. Cette fois, j’ai appliqué la recommandation d’utiliser un chiffre : 10 conseils. Il paraît que ça marche. J'espère que, cette fois, mon article nourrira le bagage de plusieurs internautes.
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