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Des ressources pour progresser (maître, leader, coaching et mentorat)

On entend régulièrement des vedettes évoquer un professeur qui a produit un effet positif dans leur jeunesse, qui leur ont permis de prendre conscience de leurs forces et de leurs talents. Pour ma part, aucun enseignant n’a exercé ce rôle dans ma vie, mais j’en suis en partie responsable. Je ne saisissais pas l’intérêt de m’enfermer entre les quatre murs d’une école. On dit que le temps s’écoule lentement pour les enfants et qu’il s’accélère avec les années. En effet, il s’étirait de façon insupportable tandis qu’on me forçait à rester assise devant un tableau. Il me semblait qu’il aurait été mieux employé à m’épivarder dans la ruelle, à me repaître de bons livres, à dessiner. Je vivais mal mon refus global et mes notes le reflétaient.


Durant cette traversée du désert, je me suis découvert des aptitudes presque par hasard, bénissant mon étoile de franchir les étapes scolaires classiques les unes après les autres alors que je n’y croyais pas beaucoup. Sur le marché du travail, j’ai rencontré une personne significative qui a su éclairer ma voie. À son exemple, j’ai aussi voulu donner au suivant et remplir ce même rôle. Je l’ai fait en pratiquant par instinct l’empathie, la bienveillance et l’ouverture d’esprit, enfin du mieux que je l’ai pu.


Me voici à retourner sur des traces anciennes qui se nourrissent encore du goût de la lecture et de l’écriture. Lorsque j’ai renoué avec un rêve que j’avais autrefois, inventer des histoires comme nous en imaginions avec mes sœurs et mes ami·e·s, j’ai pensé que je pourrais compter sur ma détermination, laquelle m’a déjà obtenu deux diplômes universitaires et a soutenu ma carrière. Ma bonne vieille persévérance, elle m’emmènerait où je voudrais, comme toujours. « Quatre-vingts pour cent de travail, dix pour cent de talent » : cette maxime me confortait. Pourtant, ça ne s’est pas passé comme ça. Après ma troisième tentative de roman, je me vois déçue et désorientée.


De prime abord, l’idée de recourir à des services d’accompagnement m'a rebutée, car ce n’est pas gratuit. Déjà que les artistes ne sont pas légion à tirer un revenu de leur art, pourquoi ouvrir son portefeuille avant même de percevoir un seul sou du fruit de plusieurs années de réflexions, d’écriture, de réécriture. Le moment est toutefois venu d’envisager cette option, de vaincre mes réticences et ma timidité, de demander de l’aide.


Vers qui me tourner ? Un maître, un leader, un coach, un mentor ? Une récente thèse de doctorat[1] délimite le champ d’action de ces experts.


Le maître occupe une position dominante dans une classe ou auprès d’un groupe. Les classes de maître que j’ai fréquentées abordaient des sujets précis et se déroulaient sur une période déterminée.


Un leader est plutôt un meneur, un influenceur, qui stimule la communauté littéraire par son charisme ou sa vision. Un certain nombre d’auteurs et d’autrices jouissent d’une grande visibilité dans les médias et créent ainsi un mouvement, un courant de pensée.


Les coachs orientent leurs élèves vers la tâche et l’atteinte d’objectifs personnels ou professionnels. Très présents dans le monde du sport, les athlètes leur doivent des performances exceptionnelles. Sur Internet, je lis que le coaching d’écriture s’adresse à ceux qui désirent améliorer leur technique, recevoir des conseils sur la manière d’organiser une œuvre et sur les trucs du métier pour « pimper » leur style.


À la différence du maître, du leader et du coach, le mentor, lui, ne s’inscrit pas dans une structure hiérarchique. Le mentor est un personnage qui plonge ses racines dans l’antiquité. Mentor assumait la responsabilité de veiller sur l’île d’Ithaque tandis qu’Ulysse, qui en était le roi, était allé guerroyer du côté de Troie. Après sept ans d’absence, son fils Télémaque est parti à la recherche de son père, et ce, avec l’aide de Mentor qui était aussi son précepteur, un homme pourvu de connaissances et de sagesse. Mentor n’est pas la seule incarnation du concept d’accompagnement. Dans la Divine Comédie, Dante se laisse guider par le poète Virgile pour réussir son voyage à travers l’enfer et le purgatoire.


Dans le milieu professionnel, les organisations proposent des programmes de mentorat qui visent à favoriser la meilleure intégration possible de leurs employés et de leurs cadres dans leur environnement de travail. En ce qui a trait au mentorat littéraire, l’approche est beaucoup plus flexible, parfois contractuelle, parfois spontanée et consentie librement. Un auteur ou une autrice d’expérience accorde son aide durant une certaine période à raison d’un nombre variable d’heures de rencontres et d’écriture.


Le mentorat comporte non seulement une relation d’apprentissage formelle ou informelle, mais aussi un investissement affectif réciproque qui respecte l’identité de chacun, agit sans contraintes, repose sur la confiance et les savoirs. On attend du mentor qu’il sache écouter, rétroagir, user de ses contacts pour faire progresser la personne qu’il place sous son aile.


« Si l’influence et la proximité distinguent le mentor du maître, l’intimité le différencie également du "coach" ou du "leader" »[2].


Dans Des mentors pour la relève[3], Renée Houde reconnaît douze fonctions jouées par les mentors : l’accueil, l’accompagnement dans les normes, valeurs et tabous de la culture du milieu, l’enseignement, l’entraînement pour l’acquisition de nouvelles habiletés, la défense des intérêts, l’assistance dans une optique de progrès, l’identification comme modèle, la proposition de défis stimulants, le conseil, la rétroaction, le support moral et la présence rassurante.


Les activités suivent un schème classique : début, déroulement, fin. Au commencement, l’apprenti choisit son mentor en fonction de son profil et de ses écrits. Pour instaurer un lien fort, il faut définir ses attentes, ses besoins, décrire son projet, confier quelques pages du manuscrit, identifier ses objectifs, répartir les rôles, établir le cadre des échanges, exposer les valeurs de chacun, conclure une sorte de pacte.


Par la suite, le mentor annote et commente le manuscrit, souligne les forces, suggère des lectures. Le mentor transmet son savoir-faire. Les premières critiques communiquées représentent une épreuve, car il faut les réfléchir, évaluer leur pertinence, accueillir, assimiler. Le mentor appuie l’effort de transformation; un dialogue s’installe, amène des ajustements de part et d’autre. La relation devient plus égalitaire.


Le mentorat se termine lorsque les objectifs sont atteints ou lorsque le projet est fini. Les échanges s’espacent et la relation se clôt de façon naturelle ou se poursuit sur de nouvelles bases de collaboration.


Me voilà prête à tenter le coup. En ligne, j’ai consulté de nombreuses offres de service d’accompagnement toutes séduisantes, dont des combinaisons qui incluent même des ateliers de réalité augmentée, de réalité virtuelle et d’intelligence artificielle. J’en mentionne quelques exemples en notes de fin. J’y ai mis le temps, mais je comprends que l’acte d’écrire n’est pas que solitaire. Un réseau de personnes s’active dans le domaine littéraire, gens de tous horizons qui se parlent, discutent de tout et s’entraident. Mon intuition, le style d’écriture, une entrevue enregistrée m’ont servi à arrêter mon choix. Le premier contact me plaît, je m’aventure davantage. J’apprends déjà que j’abuse d’homophones et de points d’exclamation. Deux conversations téléphoniques plus tard, je sens l’enthousiasme me gagner.



[1]BERNIER, Stéphane. Au-delà de l’influence : le mentorat littéraire étude de la correspondance entre Louis Dantin et les individualistes de 1925. Thèse de doctorat. Université de Sherbrooke, 2018, https://savoirs.usherbrooke.ca/bitstream/handle/11143/14475/Bernier_Stephanie_PhD_2018.pdf?sequence=4&isAllowed=y [2]Ibid. p. 118 [3] HOUDE, René. Des mentors pour la relève, édition revue et augmentée, Québec, Presses de l’Université du Québec, 2009. 288 pages

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