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Sur les chemins du numérique

Avec beaucoup de bonheur, Les fauteurs de mots accueillent une nouvelle autrice. Hélène Filteau a dû rassembler tout son courage pour mettre en ligne ses textes. Elle, dont la carrière s’est déroulée dans un domaine très différent de la littérature, partage avec tous les écrivains de la planète le besoin de raconter et de se raconter. Avec les ateliers d’écriture, elle a gagné en confiance, et maintenant elle se lance ! Voilà qu’elle peut être lue sur sa propre page, sous l’onglet croque-mots. (https://www.lesfauteursdemots.com/helene-filteau).


Comme dans le cas de Denis Roy (https://www.lesfauteursdemots.com/denis-roy) et du mien, l’interrogation sur l’identité se trouve au cœur de sa démarche. Quand nous avons posé nos premiers pas en terre inconnue, nous nous sommes sentis comme des intrus et nous avons dû nous faire violence pour nous autoriser à explorer cet espace où d’autres semblent évoluer à l’aise et sont salués par la notoriété. On ne se la joue pas facile. Entre larmes et rires, nos textes se déposent sur le chemin comme des petits cailloux de couleur que nos familles, nos amis et autres lecteurs ramassent à l’occasion.


Si Denis Roy parsème sa route personnelle d’introspection, d’espièglerie et de réflexion sociale, politique et psychologique, Hélène Filteau, pour sa part, y dispose minutieusement ici et là chaque phrase comme une méditation, chaque strophe comme l’expression d’une émotion dense, concentrée. Ses proses et ses vers libres empruntent aux rêves et à la mémoire un flou intimiste très près de la réalité. Elle possède un sens du voyage intérieur peu commun. Avec de courts écrits et des haïkus, avec ses magnifiques photographies et collages, elle plonge au fond de l’essence humaine avec délicatesse et contemplation. Un plaisir ! Son approche, je la compare à la passion du hors-piste.


Pour moi, si conformiste, si obsédée de l’orthographe, de la grammaire et de la syntaxe, son processus de création incarne le vent frais qui entre par les fenêtres de la maison au printemps. Récemment, je consultais un forum sur lequel une correspondante se plaignait de ne pas savoir utiliser la virgule, ou plutôt de l’employer pour marquer la cadence de ses respirations (inspiration-expiration), et ce, de façon instinctive. Et je demande aujourd'hui : pourquoi pas ?


Avec Les Fauteurs de mots, nous assumons notre dichotomie, celle de gens qui ne se prennent pas au sérieux, mais qui ne manquent pas d’ambition. Notre modeste groupe n’a jamais publié, mais se donne les moyens de faire comme si, et peut-être un jour de faire pour de vrai, en format papier, couverture professionnelle, distributeur efficace et salon du livre. Pourquoi pas l’un d’entre nous ? Mais encore, peut-être l'édition numérique est-elle en train de se frayer une place au soleil... Sans regarder ni à gauche ni à droite, il nous faut avancer en nous serrant les coudes pour imprégner notre passage de notre solidarité et de notre résolution à nous inscrire dans la pérennité. En s’amusant, en s’épaulant, en s’encourageant, qui sait si nous n’arriverons pas quelque part ?


L’atelier d’écriture du mois de février se consacrait au portrait. Chaque membre avait le mandat de décrire une personne. Aucune autre instruction ne lui était fournie. Comme pour les séances précédentes, il est fascinant de constater comment chacun, en abordant un thème à sa manière, peut servir d’exemple pour illustrer les divers aspects du sujet : description physique ou subjective, fonction narrative, contexte sociologique, historique, etc. Comme la pierre précieuse qu’on extirpe des entrailles de la montagne, le texte rédigé en quinze minutes est une gemme qui brille déjà même s'il reste à la sculpter pour lui apporter précision et concision, à la polir pour lui retirer les imperfections, à la sertir par l’ajout de figures de style.


Pour nous approvisionner de carburant sur notre voie sans balises, j’ai pensé inviter des écrivains à joindre cette activité mensuelle. Sur Internet, et davantage depuis la mode des vidéoconférences, la vogue se veut aux classes de maître. Toutefois, la parole bien dite ne détient pas nécessairement la vérité. Ceux qui enseignent n’expriment pas toujours les bases fondamentales. Ceux qui bénéficient de privilèges ne les méritent pas pour autant. Pour éviter de tomber dans le filet des infatués — ceux qu’on adule, ceux qui s’imposent et ceux qui s’ignorent —, et parce que je redoute par ailleurs l’effet d’attraction, la tentation du modèle, le plagiat involontaire, je vise plutôt une conversation, un moment d’échange d’égal à égal, afin d’enrichir les uns et les autres, tous ceux qui portent en eux une signature authentique, tout le monde finalement.


Ma première invitée : Isabelle Grégoire, journaliste pigiste à L’Actualité et autrice des romans Sault-au-Gallant et Fille de fer. Le 27 mars prochain, une chance à ne pas laisser échapper !

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